Quand la France a le coeur sec et la mémoire courte

A Vintimille, le train de la dignité se heurte à un mur de 70 ans de retard… au regard de l’Histoire, qui se fait nous nos yeux.

Face aux révoltes populaires arabes, l’émotion qui fût la nôtre était imprégnée, en doses et proportions plus ou moins fortes – selon la psychologie de chacun et de sa perception personnelle du monde – de stupéfaction face à une telle succession de soulèvements que rien ne laissait prévoir vu d’ici, de crainte de l’inconnu, du souci  de voir ces peuples repris par le joug d’intégristes religieux, ou de férules militaires, voire d’engluements dans la barbarie et les bains de sang.

 Mais il a également fait naître en nous par delà la peur, l’Espoir. Ces peuples que certains parmi les plus durs d’entre nous prétendaient attardés, si peu enclins à la démocratie, et aux manières si différentes des nôtres, ne se révélaient-ils pas soudain comme un phare dans notre nuit, montrant combien le changement du cours des choses, même face aux tyrans les plus sanguinaires, était non seulement possible, mais souhaitable et réalisable avec ce si peu de moyens dont ils disposaient, contrairement à nous… qui nous retranchons si volontiers dans un fatalisme de bon aloi.

 Pourtant, qu’avons-nous fait, pauvres de nous, devant ce magnifique élan de liberté, pour ces peuples qui ont osé briser leurs chaînes ? Ne fallait-il pas là nous montrer plus dignes de leur confiance, lorsqu’ils se sont précipités, à peine la porte ouverte, pour tenter d’obtenir ce qui leur faisait si cruellement défaut, leurs moyens de subsistance quotidien ? Leur pays ne se reconstruira pas en un jour, et il me semble légitime et humain, devant une telle situation, qu’un bon père de famille aille chercher là où il se trouve le travail et la nourriture dont sa famille a besoin… quand les siens ne se trouvent justement pas là où il se rend !

 La situation de nos cousins, de nos voisins, de nos frères et soeurs, par delà leurs différences, nécessitait un grand élan de générosité, de solidarité, et nous y avons répondu par la fermeture, le repli sur soi, la politique de l’autruche, en laissant nos autres voisins, italiens ceux-là, se débrouiller seuls alors que nous étions sensés nous réunir et nous montrer cohérents dans ce genre de sujets comme dans d’autres,  au travers de l’entité à laquelle nous adhérons davantage pour sa dimension humaine et sociale que financière : l’Europe, concept auquel nous étions pourtant nombreux à croire, avant qu’on ne nous l’impose par la force de l’argent… Notre seul bien commun ?

 Ce qui faisait la force de notre pays, cet apport régulier de sang neuf, d’autres manières, d’autres pays, de l’Allemagne à l’Italie en passant par l’Espagne ou le Portugal,  et ces contrées de l’Est dont notre Président lui-même est pourtant issu, sans  oublier nos anciennes colonies tant porteuses de couleurs, allons nous laisser tout cela se recroqueviller devant quelques centaines de personnes qui pour  la plupart n’ y resteront pas, et dont il nous appartient qu’elles s’intègrent ou non ? Que pensez-vous que leurs frères d’origine géographique similaire se disent, quand ils observent la réaction du gouvernement français qui n’a d’autre solution que de fermer les frontières en bloquant un train,  se lavant ainsi les mains du sort de ceux qu’il applaudissait hier, en saluant hypocritement le courage ? Et laisse ainsi se répandre un poison qui se pare de vertus qu’il n’a pas… et entraîne les pires déchaînements de passions qu’on pensait disparues depuis les dernières guerres de religion ?

 Je suis éminemment conscient que je vais, à travers ce billet, passer de nouveau pour un bisounours, puisque c’est l’insulte à la mode, mais je préfère encore cela plutôt que de passer pour un salaud, doublé d’un profond égoïste. Ne comptez-pas sur moi pour me rendre complice par mon silence de cette indignité nationale. Et je pèse mes maux.

 

Ps. Peu m’ importe les objections purement techniques qu’on m’oposera : elles ne sont rien que du vent à mes yeux. L’immigration en France,  dont on tente de faire un enjeu électoral,  représente selon les estimations entre 11 % et moins de 9 % de la population (dont une majorité provenant de l’Union Européenne), contre près de 20 % pour les états-unis, pour seul exemple… Alors, allez vous faire voire ailleurs avec votre soi-disant rationalité à géométrie si variable en fonction de vos seuls mesquins intérêts… Mon pays à moi, il est bien plus généreux !

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10 réflexions sur “Quand la France a le coeur sec et la mémoire courte

  1. un truc incroyable ?
    j’ai l’impression que c’est une réponse du berger à la bergère : les italiens récupèrent les personnes sur les bateaux échoués et… les envoient le plus vite possible dans un autre pays… il est beau le sentiment humanitaire…
    alors notre super guéant a décidé de fermer la frontière…
    chacun se rejetant les problèmes comme une patate chaude, on arrivera à pas grand chose…
    Les italiens ne pouvant pas les « remettre dans les bateaux » (pourtant j’ai l’impression que certains aimeraient bien), il serait logique que toute l’Europe vienne en aide à l’Italie sur ce problème là… mais tout le monde détourne son regard en disant : c’est le problème des italiens… c’est comme cela que l’on détruit l’Europe tous les jours…
    m’enfin,
    @+
    PS : vous êtes sérieux quand vous voulez que l’on ouvre complètement les frontières ?? et prendre l’image du train d’il y a 70 ans… c’est un peu nauséabond quand même… non ? (et ça n’a vraiment rien à voir ! point godwin quand tu nous tiens !)

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  2. Romain, qu’est-ce que vous voulez dire exactement ? Que ce que dit GdeC est simpliste et manichéen ? Si c’est le cas, je n’ai pas l’impression qu’il le soit plus que quelqu’un comme Didier Goux, pour qui tout musulman est forcément un individu sournois et fanatique qui veut transformer la France en théocratie à l’iranienne ou à l’afghane…

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  3. Pullo : arrêtez d’essayer de penser à ma place, vous vous fatiguez pour rien.

    Sinon, Monsieur Le Taulier, vous venez (en fin de billet) de trahir votre aspiration profonde : peu vous importe la vérité, peu vous chaut de raconter n’importe quoi, du moment que vous ne passez pas pour un salaud (et aux yeux de qui, d’abord ?). Miroir magique, suis-je toujours le plus mignon ? Est-ce que je bêle toujours aussi gentiment que l’agneau pascal ?

    Bon, sur le fond, je n’insiste pas : M. Pullo, mon porte-parole, se chargera de vous expliquer ce que je pense…

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  4. Liliane Bettencourt ne paye que 4 % d’impôts, selon le Canard enchaîné.

    La fin du bouclier fiscal et la réforme de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ne bouleverseront pas la vie de Liliane Bettencourt.

    Au contraire : pendant un an ou deux, révèle le Canard enchaîné, la femme la plus riche de France verra «sa ponction fiscale divisée par quatre, passant -pour l’impôt sur le revenu et l’ISF- de 40 millions (en 2010) à 10 millions. A comparer avec des revenus tournant autour de 250 millions».

    Soit «un taux d’imposition direct global d’environ 4 % de ses revenus effectifs, soit le taux appliqué à un contribuable touchant 1 300 euros net par mois», assure le journal.

    Selon le Canard, l’explication est la suivante : avec la réforme, le taux de l’ISF est divisé par 3 (0,5 % contre 1,80 % au maximum actuellement), afin de compenser la fin du bouclier fiscal. Or, ce dernier est calculé sur les revenus perçus deux années plus tôt. Pour 2011 et 2012, «les contribuables soumis à l’ISF auront donc le beurre et l’argent du beurre : le taux réduit et le remboursement du bouclier fiscal», écrit le Canard.

    http://www.leparisien.fr/politique/liliane-bettencourt-ne-paye-que-4-d-impots-selon-le-canard-enchaine-20-04-2011-1415598.php

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  5. @goux : de la même manière que vous demandez à Pullo de ne pas penser à votre place (ce qui me semble difficile : vous ne pensez pas, vous provoquez, voilà tout) évitez d’interprêter mes propos : vous n’en possédez pas les capacités, et votre islamophobie et autre anti-gauchisme primaire vous aveugle.

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  6. @Pullo : non, je crois que Romain veut juste dire qu’on ne parle guère de ce sujet dans les blogs… Peut-être que beaucoup de mes confrères ne voient pas forcément d’inconvénients à ce que l’on repousse les tunisiens à la frontière ? c’est cela, le « racisme compréhensif »…

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