Borloo réinvente le fil à couper le beurre

Le monde est fou. Il y a quelques mois seulement, si un parti de gauche s’était avisé de faire ce genre de propositions, on en aurait dénoncé aussitôt l’archaïsme. Aujourd’hui, il est probable que le fait que Borloo écrive à Angela Merkel pour demander la mise en place d’une taxe sur les transactions financières n’étonne plus personne…

Pourtant, il est utile de rappeler d’où vient l’idée. Pour tous ceux qui s’intéressent un minimum à l’économie politique, la taxe Tobin est en effet un serpent de mer maintes fois évoqués par de nombreuses personnalités à travers le monde. Suggérée en 1972 par le lauréat du « prix Nobel d’économie » du même nom , elle a été très vite reprise par l’association Attac, dont on ne peut pas dire qu’elle soit vraiment de droite, ni même d’inspiration socialiste… Mais plutôt dans la mouvance alter-mondialiste. Je suis donc assez fier que cette idée-là, qui provient de ma famille d’appartenance politique, soit reprise par un homme de droite. Comme quoi il y a de bonnes idées à prendre partout. D’ailleurs, plus d’un millier d’économistes du monde entier avaient demandé d’urgence (c’était en en avril dernier…) pétition à l’appui,  l’application de cette taxe pour lutter contre la spéculation.

Ah oui, juste un détail : l’objectif de cette taxe dans l’esprit de beaucoup était auparavant de constituer un fond pour lutter contre la famine dans les pays sous-développés… Est-ce à dire qu’aujourd’hui, nous le serions ? 😉

Notre monde a bien changé, depuis… Car Borloo, lui, la souhaite pour une autre raison :

« Cette taxe,  « comme je l’ai proposé », serait affectée pour partie au fonds de stabilisation qui permettrait d’ « engager l’assainissement des comptes publics de chacun des pays d’Europe ». » (source).

Toutefois, il est utile d’indiquer à mon lectorat éventuellement emprunt de naïveté (ce qui pour moi demeure une qualité) que la démarche n’est pas désintéressée : Sarkozy a prévu une rencontre ce mardi matin avec Merkel, et le petit rondouillard frisé espère probablement faire un coup médiatique pour augmenter sa visibilité… politique.

Pour ceux qui voudraient connaître les autres détails des propositions de Borloo¹, contenues dans sa lettre à la chancelière allemande, celle-ci sera publiée tout à l’heure dans Libération. Moi, je vais me coucher. Car quand vous lirai ce billet, je serai au boulot… (Purée, fais lièche).

¹ Comme cette « nouvelle forme de gouvernance économique » que tout le monde, de droite à gauche, appelle de ses vœux sans que quiconque n’en ait une vision précise… Ce qui est quelque peu gênant.

3 réflexions sur “Borloo réinvente le fil à couper le beurre

  1. ah Borloo qui découvre l’eau qui mouille . Il va falloir le suivre celui là, par ce que comme avocat d’affaire c’est un fieffé menteur que les journalistes n’osent pas mettre en cause.

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