le « Mal-logement », cet intolérable scandale national

 Aujourd’hui, la Fondation Abbé Pierre va sortir son énième rapport ¹ concernant ce que d’aucuns appellent pudiquement le mal-logement pour ne surtout pas risquer d’effaroucher les nobles âmes de ce pays qui ne sauraient être dérangées par des détails aussi futiles qui ne les concernent aucunement.

 Comme chaque année, les chiffres ne sont pas bons, la situation se dégrade, d’autant plus que les effets de la crise viennent frapper encore plus durement les plus démunis d’entre nous. 10 millions de personnes, nos concitoyens, sont touchés par cette crise du logement en France. « Pour 3 français sur 4, il est désormais difficile de se loger. » Il est donc de plus en plus urgent d’agir.

 Pourtant, les politiques  ne semblaient pa s’en émouvoir outre mesure, puisqu’aucun mouvement collectif ne s’est dégagé ces dernières années pour demander un programme cohérent et significatif de logements à loyers plus modérés que ceux qu’offrent le parc privé, devenus inaccessibles pour une part de plus en plus importante d’entre nous. En outre, des logements existants deviennent si insalubres qu’il est devenu intolérable d’accepter que qui que ce soit puisse y vivre. De plus,  le fait d’être propriétaire de son logement ne protège pas contre les difficultés liées à son occupation. Extraits du rapport de la Fondation Abbé Pierre : « Le périmètre de fragilité financière généré par le coût du logement quand on le réfère aux revenus des ménages est donc considérable puisqu’il concerne 6,6 millions de ménages». « … l’évolution incontrôlée du coût du logement , bien supérieure à celle des salaires, crée une nouvelle zone de fragilité et provoque un élargissement des publics confrontés à des problèmes de logement ».

Ce phénomène va en effet jusqu’à frapper les classes moyennes qui ne parviennent plus à se loger décemment, ni à faire face aux dépenses de logement devenues exorbitantes, particulièrement dans les grandes villes. On peut espérer que quand même ces revenus plus aisés sont touchés, on va enfin peut-être enfin faire quelque chose, non ? Certaines déclarations (de droite comme dans une certaine gauche…) sur le scandale qu’il y aurait à encadrer les loyers, par exemple, nous conduisent cependant à en douter… Le véritable scandale n’est-il donc pas pour nos élites que des gens ne trouvent pas à se loger dans un pays prétendument civilisé ?

 Il est bien triste d’en arriver là, dans un pays qui se voudrait meilleur que les autres… Va falloir qu’il nous le prouve. Et vite : au cas où certains ne l’auraient pas remarqué, il y a des gens qui dorment dehors, et qui en ce moment meurent, pendant que vous vous tâtez pour savoir si oui ou non vous aller craquer pour le dernier ipad…

 Un autre monde est certainement possible. Question de volonté. Et surtout, de mise en place de garde-fous envers certaines cupidités personnelles… Nos vies ne valent-elles donc pas plus que leurs profits ?

  Pour certains, pas sûr… La Fondation Abbé Pierre propose en effet à tous les candidats sans exclusive, parce que ce genre de problème ne connaît pas l’étiquette politique de ses victimes,  de signer un «  Contrat social pour une nouvelle politique du logement » qui engage le contractant à « faire de la question du logement un axe prioritaire de la politique » qu’il conduira au cours de ce mandat. Pourtant, seuls Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche), Eva Joly (EELV), François Hollande (PS) et François Bayrou (Modem) l’ont signé. CQFD.

 A présent vous savez au moins pour qui ne pas voter.

ce que les candidats proposent

(réalisé avec l’aide de cet article du nouvel Obs)

Nicolas Sarkozy

Sachant que l’UMP se refuse à envisager un encadrement des loyers comme l’explique Benoist Apparu dans une interview au « Nouvel Observateur ».

> La position d’Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy sur le contrat social de la Fondation Abbé Pierre 

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François Hollande
Le thème du logement apparaît à plusieurs reprises dans les 60 propositions de François Hollande. La proposition 22 est en faveur de la construction de plus de logements. « Dans les zones où le prix est excessif, je proposerai d’encadrer par la loi les montants des loyers lors de la première location, ou à la relocation. »
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Jean Luc Mélenchon

« le logement est un bien fondamental qu’il ne faut pas laisser aux mains du marché » et « le logement est trop cher en France », notamment à cause d’une « raréfaction organisée ».

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Eva Joly

Sans surprise, le programme d’Eva Joly s’appuie d’abord sur une rénovation de l’habitat existant pour le rendre plus écologique. Les logements des personnes à revenu modeste sont prioritaires. Le plan s’inscrit sur le long terme puisqu’il court jusqu’en 2050.

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François Bayrou
La mesure principale du candidat concerne la création d’une mutuelle « d’inspiration publique » qui assurera les risques locatifs.
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Marion-Anne-Perine Le Pen
le programme du FNmet l’accent sur l’accès à la propriété. Marine Le Pen propose un « chèque premier logement » qui permettrait aux jeunes accédant pour la première fois à la propriété d’avoir un crédit d’impôt.

Mesure accessoire, Marine Le Pen veut la destruction des cités construites dans les années 1955 à 1970 pour les remplacer par « un habitat de taille et d’esthétique traditionelles ».

Et à présent… .Place au peuple !

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